Ils descendent de la montagne...

Avec un sourire benet qui va d une oreille a l autre, oui oui meme moi, et des cernes qui descendent au milieu du visage. Et pour cause.
Vous nous avez quittes a Benares - la ville des cadavres qui brulent au bord du Gange - avec un Tony qui avait choppe la creve la plus terrible de l ouest et Pascal qui se remettait de sa cruelle et surnoise indigestion. Pour eviter d infliger au peuple indien qui connait suffisament de miseres sans nous, une epidemie supplementaire, nous avons decide de partir s exiler dans une autre contree : le Nepal.

Il nous a fallu endurer 6 heures de Jeep en compagnie de 2 anglais - un couple d une quarantaine d annees - plutot sympas pour arriver a minuit devant une frontiere... fermee !! Notre chauffeur qui nous avait precedement taxe quelques clopes dans un anglais acceptable fit alors mine de ne plus rien comprendre. Nous retrouvant sans fric devant des barrieres abaissees, nous avons un instant reflechi a dormir sur le trottoir en attendant que ca ouvre jusqu a ce que l anglaise reveille energiquement les douaniers qui en fait dormaient egalement sur des lits poses sur le trottoir d en face. Contrairement a ce qu on attendait, les douaniers furent plutot cools. Ils nous ont juste demande un formulaire de sortie. Qu'on avait pas... Les anglais si, et ils nous apprirent (???) que c'etait a nous de le demander en arrivant a l'aeroport de Delhi. Et notre voyage se terminait par une impossibilite de sortir d'Inde jusqu'a'ce que nos visas soient expires, qu on se rende aux autorites qui nous expulseraient moyennant une amende consequente. Ou alors les douaniers auraient des formulaires vierges et seraient prets a nous en passer moyennant une "compensation financiere". Il nous faudra verser un backchish exhorbitant de ... 1 euros et 20 cents pour pouvoir traverser la frontiere en toute legalite... Pour gagner Katmandou, il nous faudra encore endurer 4 heures dans un hotel de bord de frontiere, et 12 heures de bus.

Nous qui revions de la Katmandou de Flash, le livre de Duchaussois - en tous cas Tony et moi puisque Perrin l'a toujours pas lu - et bien nous nous sommes retrouves dans une espece de Isola 2000 avec des magasins remplis de fringues de montagne de luxe - a base de NorthFace, d'Eider et autres - ou les agences organisant des trecks pour partir a l'assaut de l'Everest ne savent plus ou ouvrir de nouvelles succursales et ou l'on trouve de restos avec pour enseigne : Beer & SteackHouse - ce qui apres presque 1 mois en Inde ne se refuse pas. Le quartier touristique de la ville etant donc horriblement europeen et le reste de la ville etant noye dans un nuage de pollution capable de tuer net un New Yorkais, notre voeux le plus cher fut de retourner dans les montagnes que nous avions traversees pour venir.

Ainsi, deux jours plus tard nous quittions la civilisation sur deux motos louees pour une misere en direction de l'ouest nepalais. Apres etre sortis de Katmandou dans un labirynthe de bus gares en vrac en travers des rues et des avenues - pour cause de greve - nous avons fonce dans la vallee.

660 km qui en 5 jours nous ont amenes dans des patelins ou nous etions autant a notre place qu'un elephant sur la banquise, 660 km qui nous ont permis d'offrir a Pascal le cadeau d'anniversaire qu il voulait : voir un 8000 metres. Et ce, non sans avoir du nous manger 40 km de piste defoncee sous la pluie manquant de se boiter a chaque orniere, en se rompant le dos - surtout Tony qui pour son plus grand malheur etait encore passager a ce moment - pour arriver dans un village pomme au bout d'une vallee mais qui nous a offert une belle vue de l'anapurna apres quelques heures de marche.
Les memes 660 km qui nous ont amenes dans une guesthouse miteuse surplombant un lac ou nous avons ete servis par une version nepalaise horrible de Christophe-le-chanteur-pas-le-jeune-mais-le-vieux-avec-des-lunettes-rondes. Une guesthouse chere et sans douche, le seul jour ou on se paye une rando et de la piste poussiereuse en becane. Le pied.
Toujours ces 660 km qui nous ont fait remonter a Katmadou de nuit en depassant rarement le 50 km/h tant le trafic etait dense, tant on y voyait rien, tant la route etait glissante a cause de camions de sables, tant il y avait de ravins au bord de la route dont on ne voyait pas le fond a cause de la nuit mais qui faisait quand meme emettre des petits cris a Tony, tant il faisait froid, tant, tant, tant...

En gros 660 km sans se vautrer, meme Tony qui pour la premiere fois a conduit pendant quelques heures avec brio, ou on a eu a subir qu'une unique crevaison, et vu ce qu'on a mis au motos c'est un miracle, et 660 km qui font qu'on attend avec impatience de prendre l'avion (desole amandine, c est pas le train) pour Bangkok pour acheter trois motos et partir pour le Laos.

Voila de toute maniere je suis sur que personne a lu un texte aussi long, et je vous comprend, z'avez qu'regarder les photos ca va plus vite !!!!